DE LA PASSION À LA RÉSURRECTION PAR MARIA DE FAYKOD
Les trois nouvelles Stations
Dès qu’il a été évoqué, pour la première fois, le projet de réaliser pour Lourdes, un Chemin de Croix, l’image de la Résurrection se visualisait, d’une manière essentielle, en mon esprit.
Par cette sculpture, je tends à exprimer «la transfiguration», le mystérieux transfert d’énergie où l’Esprit prend forme dans la matière; le corps transfiguré du Christ ressuscite par le souffle de l’Amour divin.
J’ajoute trois nouvelles Stations exprimant l’accomplissement même de la Passion : après la mort du Christ, la foi engendre l’espérance et, par la Résurrection du Christ, l’amour divin se confirme en l’esprit de l’homme.
De ce fait, ce Chemin de Croix ne se termine pas à la mort du Christ comme on a l’habitude de le présenter par les 14 stations. La 16ème Station exprime le mystère de la Résurrection, la 15ème l’annonce et la 17ème la confirme.
En même temps, ces trois Stations ouvrent la voie de la contemplation sur les trois vertus théologales, celle de l’Espérance, de la Foi, et de la Charité, qui les relient intrinsèquement.
Évocations évangéliques et messages spirituels
L’essentiel porte dans ce monument religieux sur le cheminement spirituel de l’homme: de l’espérance à la transcendance, de la transcendance à la "re-naissance".
Contrairement aux Chemins de croix traditionnels, cette œuvre ne met pas l’accent sur la souffrance, mais sur la manière dont la souffrance peut se transcender par l’Amour du Christ ; cette transcendance se révèle tout au long de la Passion.
C’est une invitation à suivre le « chemin », étape par étape, Station par Station, vers le renouvellement perpétuel de l’homme intérieur.
Concernant l’aspect iconographique, cette œuvre comporte quelques particularités. Il ne s’agit pas de présenter chaque Station comme différentes scènes racontant l’histoire de la Passion, car même s’il y a, dans le Chemin de Croix, la chronologie d’une histoire, je dois dévier cette temporalité afin d’exprimer l’intemporel, dans la mesure où je veux aller par-delà le déroulement historique de la Passion ; je tends à exprimer, en chaque Station, un souffle nouveau renfermant en lui-même des évocations évangéliques, des messages spirituels.
Ce n’est plus une mise en scène avec des personnages représentant la dimension antinomique du bien et du mal, ce qui évite ainsi de véhiculer, à travers cette œuvre, des réflexions moralisantes.
Le langage des formes et ses sens cachés
Telle une symphonie où les différents thèmes reviennent tout au long de la composition musicale pour retentir à la fin, comme la mélodie accomplie, dans ces dix-sept sculptures centrées sur l’image du Christ, il y a des éléments qui se répètent, et selon le message des stations, ces éléments ont leur propre signification en harmonie avec les expressions des visages, des regards, des mains : Comme la croix, les vêtements, les voiles, les lignes horizontales et verticales, ainsi que la lumière.
Le musicien compose avec les notes, le poète s’exprime avec les mots, et le sculpteur par les formes.
Toutes ces images sont les traces des contemplations inhérentes à la création qui deviennent perceptibles à leur tour par la contemplation.
Ces formes qui composent l’image sensible, aussi bien que les plus minuscules, sont multi-dimensionnelles ; chacune est une expression de sens en soi, pour sa perception, la dimension de l’âme est indispensable.
Le pli d’un vêtement tantôt pesant, gravité par la vie terrestre, devient tel un souffle lancé vers l’infini du ciel ; les veines sur les mains se prolongent dans les plis d’un voile qui continue son mouvement ascensionnel dans les lignes verticales pour remonter vers la Source et les stries horizontales ouvrent petit à petit vers la dimension spirituelle, par sa lutte avec sa propre nature de matérialité ; la croix, défiant la pesanteur, fond dans le corps du Christ. Toutes ces formes sont reliées entre elles et convergent vers le même essentiel, vers la Lumière de la Vie, afin que l’invisible circulation d’énergie puisse se rendre perceptible à l’œil et à l’esprit.